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English version

"The Journal of Film and Video", dans son numero 2-3, été automne 1993, volume 45, consacré à la représentation de la pornography et du sexe, a publié un article intitulé "Bernard Natan : le légendaire pornographe de la France", signé Joseph W. Slade. Cet article comporte non seulement un grand nombre d'erreurs factuelles, de contre-vérités, mais aussi une quantité non négligeable de spéculations. André Rossel-Kirschen a demandé un droit de réponse à la rédaction du "Journal of Film and Video" mais a essuié un refus. C'est pourquoi nous avons décidé de publier ici sa réponse.

Droit de réponse

Mise au point

Sur le grand producteur Bernard Natan

Votre journal a publié à l'été 1993 dans le N° 2-3 , volume 45 un long article du Dr Joseph Slade, professeur à l'Université de l'Ohio, intitulé « Bernard's Natan : France's legendary pornographer ». Si ce texte était paru dans un journal à scandale, cela n'aurait pas eu de conséquences. Il était déjà paru tant de textes diffamatoires sur le grand producteur français Bernard Natan … Paru dans une revue sérieuse, il sera repris régulièrement dans un grand nombre de publications de plusieurs pays qui toutes se fondent sur les affirmations du Dr Slade. On nous a signalé récemment le livre de Thomas Waugh « Hard to imagine » publié par l'éditeur sérieux « Columbia University presse » qui reprend les affirmations non corroborées du Dr Slade en fournissant comme référence l'article du Journal of Film and video. Si nous ne réagissions pas , il est évident que les informations parues dans ces journaux sérieux deviendraient à la longue parole d'évangile.

C'est pourquoi nous tenons à faire la mise au point suivante :

Bernard Natan qui a joué un rôle capital dans la production cinématographique a été victime à l'époque de nombreuses campagnes diffamatoires qui se sont terminées par son arrestation en décembre 1938 et sa mort à Auschwitz en 1942. Toute la vie et l'activité de Bernard Natan a été passée au crible et on a retrouvé effectivement un épisode compromettant : Il avait été condamné à quatre mois de prison en 1911, alors qu'il avait 26 ans, pour « outrages aux bonnes mœurs ». On lui reprochait d'avoir produit des films pornographiques dans lesquels il aurait joué. Avait-il produit réellement des films pornographiques, c'est-à-dire ou l'activité sexuelle était montrée et non suggérée ou des films « grivois » que beaucoup de sociétés cinématographiques éditaient, on ne le saura jamais. La condamnation à une peine relativement faible (la loi prévoyait jusqu' à deux ans de prison et les condamnations étaient généralement beaucoup plus sévères [1] semble militer en faveur de cette dernière hypothèse.

Les nombreuses campagnes de presse engagées contre lui, notamment sous l'occupation allemande, ont recherché tout ce qui pouvait lui nuire. On rappelle régulièrement cette condamnation de jeunesse et le fait qu'il aurait joué dans ces films illégaux.. On ne fait jamais aucune allusion à une activité ultérieure.

Le Dr Slade innove : Il en rajoute sur les diffamations parues dans la presse d'extrème-droite ou nazie et décrit Bernard Natan comme un industriel de la pornographie et comme un gangster.

Le Dr Slade n'hésite pas à lui attribuer 15 films pornographiques qui auraient été tournés entre 1920 et 1926, quatre en 1920 etc. Le Dr Slade inventorie ces films et la présence de Natan comme acteur : « Dans les filles de Loth, Natan à la barbe blanche, habillé en robe biblique ». Dans madame Butterfly « Natan habillé en garçon d'hôtel , Pink Hop… Pink hop administre une fellation à l'officier (Pinkerton)… (Natan) sourit à la caméra pour souligner le voyeurisme qui deviendra la marque du meilleur travail de Natan…  » Dans Le Moine Natan est un moine lascif, robe et tonsures compris etc.

« L'année 1926 semble avoir été un tournant pour Natan… il faisait son film le plus scabreux cette année là. C'est son film le plus grossièrement réalisé. Il semble aussi que ce soit le plus personnel. Un vagabond (Natan) vole un canard et commence à le sodomiser  » etc.

En réalité, il est hautement invraisemblable que Bernard Natan, échaudé par les poursuites de 1911, qui se trouvait à cette époque à la tête d'une entreprise de montage de films, puis de production cinématographiques ait pris le risque de réaliser des films illégaux et surtout de jouer dans ceux-ci, ce qui aurait permis de le démasquer. Il est étonnant que les détracteurs de Natan, notamment sous l'Occupation, où tous les coups étaient permis aient constamment rappelé les poursuites de 1911 et n'aient jamais fait allusion à cette production des années vingt. Il est vrai que Joseph Slade affirme que les poursuites pour pornographie ne pouvaient entraîner qu'une amende de 50 francs ce qui est manifestement faux. Les poursuites pour outrages aux bonnes moeurs étaient très sévèrement condamnés et le moindre livre ou film scabreux était dénoncé par les bien pensants. En 1925, des auteurs connus comme Paul et Victor Margueritte seront poursuivis pour avoir publié le livre « La garçonne » où ils évoquaient Lesbos. Les auteurs seront radiés de l'Ordre de la légion d'honneur.

Ces films pornographiques existent et ont été conservés dans quelques cinémathèques. Nous avons pu nous-même visionner la plupart d'entre eux et nous avons constaté que l'acteur censé être Natan ne lui ressemblait pas. Il était beaucoup plus jeune (entre 18 et 25 ans au plus) alors que Natan avait 34 ans en 1920, 40 en 1926.

Salde appuie ces « révélations » par des références qui s'avèrent fausses. Il cite notamment les travaux remarquables d'Ado Kirou, notamment l'article paru dans la revue Positif de juillet 1964, « D'un certain cinéma » page 213 . Nous nous sommes reportés à cet article et avons constaté que Kyrou ne fait aucune référence à Natan, pas plus dans cet article que dans son excellent livre « Amour, érotisme au cinéma »  , publié en 1966.

Par contre, nous avons trouvé dans la revue « Positif », de juillet 1964, à la suite de l'article de Kyrou, un catalogue d'une trentaine de films pornographiques réalisés par un certain Paul Caron. Ce catalogue indique pour certains films, cités par Slade, l'indication « Nathan ». Remarquer que l'orthographe du nom est différente. Il n'est pas impossible qu'un producteur porno ait utilisé ce pseudonyme. Il n'y a aucune autre précision. Il est évident que Slade a utilisé ce catalogue qu'il attribue faussement à Ado Kyrou pour attribuer ces films à Bernard Natan.

Slade multiplie les références qui lui donnent un caractère sérieux. « Je suis reconnaissant à l'Institut Kinsey, à l'ambassade française à New-York (qui est d'ailleurs un consulat), à Raymond Borde, conservateur de la cinémathèque de Toulouse pour m'avoir envoyé du matériel sur Natan et le personnel de l'IDHEC, Fiches filmographiques à Paris, pour avoir mis à ma disposition leurs archives… » En réalité, nous avons interrogé l'Institut Kinsey qui nous a précisé que s'il possédait plusieurs films illégaux cités par Slade, il ne possédait aucune information sur l'attribution à Natan de ces films. De même la cinémathèque de Toulouse. Slade ne semble pas être au courant que l'IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques ) avait fermé ses portes en 1986, soit sept ans avant l'article de Slade etc.

Bernard Natan serait aussi un analphabète et un gangster

Pour Slade faire des films pornographiques n'est pas en soi répréhensible. Cependant, l'article contient un grand nombre d'informations qui dénotent une très mauvaise connaissance du personnage Bernard Natan, du cinéma français en général et une imagination débordante. Slade multiplie les références et l'indication de sources : chaque fois que nous avons pu consulter ces sources, nous nous sommes aperçus que Slade extrapolait. A titre d'exemple, il affirme que Natan et le célèbre escroc Stavisky «  se connaissaient assez bien pour que ce dernier fut invité aux premières après que Natan eut pris le contrôle de Pathé Cinéma ». Slade sur sa lancée développe les points communs entre Stavisky et Natan « le point fort de Stavisky était son habileté financière…il créait des sociétés fictives et payait les dettes de l'une avec les actions d'une succession d'autres. Natan avait à peine besoin de Stavisky pour lui enseigner comment créer des sociétés de holding et des coquilles financières… » . Cette accusation extrêmement grave de connivence avec le célèbre escroc est suivie de la référence : « Lapierre 119  ». Si l'on se réfère à la page 119 du livre « de Pathé frères à Pathé cinéma » qui contient effectivement un article de Lapierre on lit : « Il (Natan)organisa des présentations de films à la manière des previews américaines. Ce furent de grandes soirées parisiennes avec une figuration officielle et mondaine que Stavisky devait lui envier. » [2] Slade ajoute «  au moins un des associés de Stavisky, un homme du nom de Cerf, du Frolic Club fut plus tard l'un des partenaires de Natan ». En réalité Jean Simon Cerf était effectivement l'avocat conseil de Natan et sera poursuivi avec lui. Il n'avait jamais fréquenté Stavisky. Charles Pathé lui-même lui décerne un brevet d'honorabilité. Il écrit en effet page 151 de l'éditions non censurée de son livre « De Pathé frères à Pathé Cinéma » : « Jean-Simon Cerf, connu de tous les hommes d'affaires de Paris comme un avocat extrêmement habile et audacieux . »

Tout le reste est à l'avenant.

La biographie de Natan par Slade prouve son imagination « les rares sources qui mentionnent le passé de Natan disent qu'il comprenait des rôles dans des comédies légères roumaines sans grand intérêt mais aussi une courte peine de prison pour avoir tourné des films pornographiques dans son pays natal… aucun des film roumains n'a pu être localisé. Le moment précis où Natan a émigré en France est inconnu… Après la guerre, il a trouvé du travail dans un cinéma à Paris.Il a également repris ses anciennes habitudes, probablement (sic) près de la Porte Saint-Denis, un lieu de rencontre pour des maquereaux, vendeurs de drogue et des

Musiciens marginaux » [3]

Ce paragraphe révèle le degré d'incompétence de l'auteur. Comme il ne sait pas que Natan a émigré en France en 1906 à l'age de vingt ans, il suppose que sa condamnation (constamment rappelée) a eu lieu en Roumanie ! Il est peu probable qu'en 1906 c'est à dire dix ans seulement après la première projection du cinéma Lumière, il y ait eu en Roumanie de nombreuses personnes possédant un appareil qui leur aurait permis de visionner de tels films. Bien entendu, les peines encourues en France n'étaient pas de 50 F mais pouvaient entraîner une condamnation allant jusqu'à deux ans de prison. Il n'a pas trouvé du travail après la guerre de 14 à Paris puisque à cette époque il était déjà à la tête d'une entreprise importante. Il est invraisemblable qu'il ait fréquenté des milieux louches, les auteurs des campagnes de presse sous l'occupation étant obligés d'admettre qu'il menait, contrairement à d'autres cinéastes qui collectionnaient les maîtresses, une vie très rangée avec sa femme qu'il avait épousée en 1909 !

Après avoir attribué à Bernard Natan une activité débordante de producteur et interprète de films pornographiques, Joseph Slade va développer à sa manière sa trajectoire « légale » :

Après la création de Cine actualités, nous savons que Natan va créer Rapid film , société de travaux cinmatographiques (tirage, développements, Titres, en 1913, sa société édite Cine gazette qui une bande d'actualités hebdomadaire à la disposition des salles cinématographiques, puis Rapid film va tourner de nombreux films documentaires. Il obtiendra en 1924, l'exclusivité de la prise de vues des Jeux olympiques de paris et de Chamonix. En 1924, il va créer Rapid publicité qui produit comme son l'indique des séquences publicitaires projetées pendant les entre actes. Il est élu président de la section techniciens du syndicat du Film (dont il deviendra vice-président) et sera chargé par les deux autres collègues et concurrents, Eclair et Kodak de conclure une entente pour la fixation des travaux cinématographiques. Fin 1926, il construit deux studios de prises de vues qui sont considérés comme les plus modernes de France. A la même date, il commence à produire des films de long métrage. Dès 1920, il avait transféré ses activités dans des locaux occupés précédemment par les « Grands bazars du bâtiment » , au 6 de la rue Francoeur.

Le capital de la société va passer à sept millions de francs .Pour financer ses activités, Bernard Natan sera soutenu notamment par deux notabilités britanniques, Maxwell qui possède un important circuit de salles en Grande-Bretagne et par Thorpe de la Wardour film. [4]

On constate une progression normale et méthodique . Pour Slade cela devient : « En 1921, il commença à travailler Pour Paramount Pictures comme vendeur de publicités… Le nouveau studio de Paramount à Joinville était un avant-poste de l'assaut américain sur le marché européen… Natan se fit embaucher comme promoteur et fonda sa propre agence , Rapid publicité, basée sur les affaires que voulait bien lui, donner la société américaine  ». Slade pour justifier ses affirmations fantaisistes donne comme référence l'historien Abel et son livre « the first wawe ». Nous avons consulté ce livre et là aussi nous avons constaté que Abel ne cautionne absolument pas ses affirmations hasardeuses

En réalité, Rapid Film existait depuis 1912, Rapid publicité depuis 1924. On ne voit pas quelles affaires pouvait lui apporter la firme américaine. L'implantation de Paramount en France qui se traduira par la construction des studios de Saint-Maurice (que Slade confond avec les studios de Joinville) date de 1930 et était destinée à produire des films américains parlants dans les langues européennes. A cette époque, Natan ne pouvait en être le « promoteur » puisque ayant relancé la production Pathé il produisait des films français concurrents dans les studios de Joinville qu'il avait acquis de Cinéromans et ceux de la Rue Francoeur, qu'il avait construits.

Certains textes font référence au « groupe Natan ». Cette expression courante va favoriser l'imagination de Slade et lui permettre de broder. Il évoque « des investisseurs plus ou moins fréquentables ». le gouvernement étouffe des enquêtes sur d'importants hommes impliqués dans les malversations ». « Soit avec ses propres profits, soit avec de l'argent emprunté de sources impossibles à déterminer ».. « Presque tous les rapports sur Natan laissent entendre des liens sinistres avec le gangstérisme parisien ». En réalité si les campagnes diffamatoires des groupes d'extrème-droite font constamment référence à la protection imaginaire d'hommes politiques [5], les sources financement de Natan sont connues : la banque Bauer et Marchal, la banque Conti-Gancel, la banque générale du Nord. Ultérieurement, Pathe Natan obtiendra un crédit important de Kodak Pathé [6].

La chute de Natan est décrite de façon aussi fantaisiste  : «  Pathé Natan déposait son bilan en décembre 1935… le gouvernement de Gaston (sic) Blum ne put faire oublier le scandale Natan, surtout lorsque les grévistes occupèrent le site de production Pathé Natan… les protecteurs de Natan refusèrent de l'aider . Natan fut arrêté pour fraude le 3 septembre 1936. Il effectua des séjours en prison et pendant 27 mois se défendit devant les tribunaux… le procès de Natan prit fin en 1939 et il fut condamné à une peine de prison à perpétuité dans la prison de Sainte (Sic), la prison la plus sure de Paris. »

Slade ne connaît même pas le prénom de Léon Blum ! On ne voit pas ce que la grève des employés de Joinville au cours de la vague de grèves qui inondèrent la France en mai-juin 1936, à la suite de la victoire du Front populaire, a à voir avec la situation de Natan qui à cette date ne contrôlait plus la société. Il ne fut pas arrêté le 3 septembre 1936 mais fin décembre 1938. Le procès eut lieu en mai 1939 et occupa quatre séances hebdomadaires. Il ne fut pas condamné à perpétuité mais à quatre ans de prison, portés à cinq ans en appel. La prison de la Santé à Paris était une prison normale qui détenait les prévenus avant leur procès. [7]

Remarquons que Slade ne diffame pas seulement Natan mais aussi le cinéma français qu'il semble mépriser  : «  le cinéma commercial français a traversé les annes 20 et 30 de bévue en bévue à cause du financement corrompu et de la technologie inadéquate  ». La présentation du premier film parlant français par Natan est éclipsée pour Slade par celle de « Mickey Mouse  », dessin animé que Natan avait acheté aux Américains et projetait en complément de programme !

« Aucune des installations cinématographiques en France n'était équipée pour le son, une situation qui poussa à la faillite des petites compagnies et fit chanceler les deux géants Gaumont et Pathé ».

Effectivement le cinéma européen était en retard d'un an par rapport aux américains pour l'installation du parlant. Ce sera un des mérites de Bernard Natan d'avoir su et pu accélérer la naissance du parlant en France. Cela n'entraîna pas de faillite des petites compagnies, au contraire puisque l'avènement du son favorisera les films parlants français au détriment des films américains, tant que ceux-ci n'auront pas crée le doublage. Les faillites des sociétés de cinéma datent surtout de 1932 et sont en rapport avec la crise générale. Précisons qu'à cette date les studios de Paramount France à Saint-Maurice qui accusaient des pertes évaluées à deux cents millions de francs seront fermés.

Slade reproduit un grand nombre de calomnies contre Natan, resucées des campagnes diffamatoires des années trente et de l'Occupation. Il a des excuses puisque celles-ci figurent encore de nos jours dans de nombreux livres sérieux, mais comme il ne domine pas son sujet, il commet constamment des bévues amusantes. Par exemple, il parle du rachat par Natan des « 166 salles possédées par Pathé consortium  » alors que cette société possédait 4 salles ! Il fait comme beaucoup d'auteurs référence aux dettes contractées par Natan pour sa société Rapid film alors que celle-ci était prospère et que le passif de 22 millions était compensée par un actif important. : Il écrit : «  il fit acheter par Pathé la société Rapid Film criblée de dettes pour 62 millions, dégageant un profit de 40 millions pour ses soutiens  ». En réalité la fusion de Rapid Film qui n'était pas criblée de dettes mais une société prospère sera compensée pour Natan par la fourniture de 57.000 actions Pathé de 100F ce qui au cours de bourse de l'époque représentait 23 millions. [8] Il affirme que Natan était un ignorant : « il n'appréciait pas Jacques Prévert et son frère Pierre qui faisaient des films exceptionnels » . En réalité, c'est pour Pathé Natan que les frères Prévert, totalement inconnus à l'époque réalisèrent leur premier film: « L'affaire est dans le sac  ». On ne sait pas pourquoi Slade attribue à Natan la production du Sang d'un poète de Jean Cocteau, film d'avant-garde qui avait été financé à fonds perdus par le vicomte de Noailles. Etc. Par contre, il ne mentionne pas les nombreux chefs d'œuvre réalisés par Pathé Natan, par exemple, « Les Misérables » ou « Les croix de Bois ».

Nous ne pouvons pas relever toutes les innombrables erreurs et confusions commises par Slade.

Nous espérons que dans les années à venir les historiens du cinéma reprendront la doxa et aboliront toutes les légendes : Natan escroc et Natan pornographe.

Au contraire, espérons-nous, des auteurs sérieux approfondiront l'apport de Bernard Natan au développement du cinéma parlant en France. Les lecteurs intéressés par le cinéma français des années trente et la légende Natan trouveront plus d'informations dans notre livre : « Pathé Natan, la véritable histoire (Contribution à l'histoire de l'avènement du cinéma parlant en France », publié en 2004 par les Indépendants du 1 er siècle/Pilote 24 Editions. Ils pourront à défaut consulter la biographie de Bernard Natan sur les sites internet : www.lips.org ou www.latrobe.edu/screening the past. Signalons également l'article de Gilles Willems et André Rossel-Kirschen paru dans le N°21 (décembre 1996) de la revue « 1895 » édité par l'AFRHC (association française pour l'Histoire du cinéma).

Pour toutes informations ou commentaires, vous pouvez vous adresser à Madame Brigitte Berg bberg@lesdocs.com

[1] Par exemple le Dr Elosu est condamné à la même date et par le même tribunal pour avoir défendu l'usage des produits anticonceptionnels à trois mois de prison (Voir Gazette des tribunaux du 19 janvier 1911)

[2] L'article polémique et qui fourmille d'inexactitudes de Marcel Lapierre paru dans le journal Messidor du 8 janvier 1939, au lendemain de l'arrestation de Natan est souvent cité comme référence par de nombreux auteurs parce qu'il a été repris en 1970 par les ré éditeurs du livre de Charles Pathé « De frères à Pathé cinéma » pour remplacer les chapitres concernant l'aventure Pathé Natan, non reproduits. De ce fait, on a pu penser que cet article correspondait à un résumé des chapitres écrits par Charles Pathé. Ce n'est absolument pas le cas.

[3] Slade appuie cette affirmation sur le livre de Alexander Werth « France in ferment » paru à Londres en 1934. Est- il besoin de préciser que Weth parle effectivement des quartiers louches de Paris mais ne mentionne absolument pas la présence de Natan. A cette époque, les détracteurs de Natan insistaient au contraire sur son train de vie huppé : Hôtel particulier, Manoir en Bretagne, belle villa sur la Cote d'Azur, puissante voiture américaine.

[4] Ces différentes étapes sont mentionnées dans de nombreux articles de la presse corportaive française : « Cine-journal », « Cineopse » et « la Cinématographie française ».

[5] Par exemple, la Presse nazie sous l'occupation reproduira la photographie d'Edouard Herriot attablé à une table des studios de Joinville ! En fait, Herriot, ministre de l'Education nationale, en charge du cinéma avait visité successivement tous els studios installés dans la région parisienne, y compris les studios allemands d'Epinay. On ne voit pas en quoi le fait pour Herriot de prendre une collation à l'issue de la visite est une preuve de connivence avec Natan.

[6] Nous avons consulté les archives confidentielles des grandes banques françaises aujourd'hui accessibles : Banque de France, Société général, Crédit Lyonnais, Crédit du Nord (repreneur de la banque générale du Nord) etc. Les associés de Pathé Natan sont mentionnés et leur influence relative analysée. Nulle part, il n'est question d'investisseurs louches ou non identifiés.

[7] Il y eut deux autres procès sous l'occupation. le premier en juin 1941 fut l'occasion pour la presse collaborationniste de se déchaîner contre le juif apatride. Le second après sa mort !

[8] Voir compte-rendu de l'assemblée générale de Pathé dans La vie Financière du 11 septembre 1929.

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